ART KILL ACCÈS)S( (X9)

Matthieu Saladin
La capture de l’inaudible
​présentation du logiciel et performance – 2017

A l’occasion de sa sortie sur le label Artkillart, Matthieu Saladin présente le logiciel « La capture de l’inaudible ». Fruit d’une réflexion esthétique, sociale et politique, le projet questionne la norme de compression MP3 du son.

« En tant que forme de compression des données, l’aspect le plus fascinant du MP3 reste le modèle psycho-acoustique qu’il encode dans un fichier. En personnifiant la technologie, on pourrait dire que le MP3 présuppose que le sens de l’ouïe écarte la majeure partie du son qu’il rencontre, il essaie donc d’imiter le processus par lequel le corps humain écarte certaines ondes sonores durant les processus de perception. De manière préventive, il se débarrasse de certaines données du fichier audio en anticipant le fait que le corps s’en débarrassera plus tard, ce qui produit un fichier plus petit. » Johnatan Sterne.

La capture de l’inaudible -projet vise à problématiser la notion d’inaudible dans nos sociétés actuelles- est un logiciel qui agit de manière exactement inverse au traitement du signal que réalise habituellement un encodeur MP3 : il ne conserve que les fréquences que supprime l’encodage MP3, c’est-à-dire l’inaudible selon l’idéologie qui gouverne cette technologie.

D’une part, l’inaudible est ici compris au sens de ce qui appartient au royaume des sons ne pouvant être entendus car se situant en-deçà ou au-delà du spectre audible par l’oreille humaine, ou bien masqués par d’autres sons plus forts émis simultanément ou presque.

D’autre part, l’inaudible renvoie à ce qui excède l’écoute, sinon l’entendement d’un groupe, d’une communauté, voire d’une société, en tant qu’il est construit socialement, culturellement et historiquement, autrement dit à ce qui ne peut être entendu car demeurant inintelligible pour ce groupe, cette communauté ou cette société, et selon, là aussi, des effets de seuils et de masques. À l’acception phénoménologique de l’inaudible s’adjoint ainsi une acception politique, sans que l’on puisse en réalité tracer une frontière nette entre l’une et l’autre, notamment dès lors que l’on aborde l’écoute en tant que sens pris dans des dispositifs (du reste comme tous les sens), qui l’agencent de manière stratégique, la façonnent techniquement, juridiquement, historiquement et socialement, soit une écoute “appareillée” quand bien même celle-ci ne serait munie d’aucune prothèse visible.

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Matthieu Saladin est artiste et musicien. Sa pratique s’inscrit dans une approche conceptuelle de l’art, réfléchissant, à travers un usage récurrent du son, sur la production des espaces, l’histoire des formes et des processus de création, ainsi que sur les rapports entre art et société du point de vue économique et politique. Elle la forme d’installations, de performances, de publications, de vidéos et de créations de logiciels. Il est également maître de conférences en arts plastiques à l’Université Paris 8, membre de l’équipe TEAMeD au sein du laboratoire Arts des images et art contemporain (AI-AC). Sa recherche théorique porte principalement sur les arts sonores et les musiques expérimentales. Il codirige la collection Ohcetecho aux presses du réel, participe aux comités de rédaction des revues Volume ! et Revue et Corrigée, et est directeur de rédaction de la revue de recherche TACET. Son travail est représenté par la galerie Salle Principale.

Co-production accès)s( , Synesthésie, Art Kill Art, ESAP
En partenariat avec le Conservatoire Pau Pyrénées

+ Artkillart
Séance d’écoute

Artkillart est un label basé à Paris et à Berlin depuis 2007 spécialisé dans l’art audiovisuel et sonore expérimental. Proposant une ligne éditoriale radicale, Artkillart invite une génération d’artistes, musiciens et ingénieurs à porter une réflexion croisée sur les processus techniques inhérents aux supports d’enregistrement et de reproduction sonore. En réaction à la musique dématérialisée, ils conçoivent des objets sonores explorant la qualité, la complexité et les limites des différents médias (y compris le dvd, le cd et le vinyle). Cette réflexion se traduit par la production d’objets hybrides : K7 audio-programmes déchiffrables sur internet, vinyles à multiples sillons croisés pseudo- aléatoires, disques instruments, code-sources performatifs distribués, etc.

A l’occasion de la sortie de « La Capture de l’inaudible « sur le label qui fête ses 10 ans cette année, une sélection musicale commentée de quelques-unes des parutions sera proposée.

8 € Plein tarif
6 € demandeur d’emploi / – 26 ans
5 € détenteurs carte Hello Pau

Chapelle des réparatrices – Conservatoire de musique et danse
2 rue des Réparatrices
64000 Pau
05 59 98 40 47